"La pornographie est à l’intersection de toutes les haines", affirme le Haut Conseil à l'Egalité

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Dans un rapport choc remis mercredi au gouvernement, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes dénonce les illégalités commises par l'industrie pornographique et pointe l'inaction des autorités. 

Le Haut Conseil à l’Egalité (HEC), instance consultative indépendante placée auprès de la Première ministre, a publié mercredi 27 septembre un rapport intitulé "PORNOCRIMINALITE : mettons fin à l’impunité de l’industrie pornographique !"

Quelques mois après la résolution adoptée par le Sénat, qui appelait le gouvernement à faire de la lutte contre la pornographie "une priorité de politique publique", ce rapport dresse un constat sans appel sur les illégalités commises par l'industrie du porno. 

Les femmes victimes de "traitements contraires à la dignité humaine"

L'instance estime que "90% des contenus pornographiques présentent des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes". Elle dénonce des vidéos où les femmes apparaissent "caricaturées des pires stéréotypes sexistes et racistes" et sont "humiliées, objectifiées, déshumanisées, violentées, torturées, subissant des traitements contraires à la dignité humaine et… A la loi française". 

"La pornographie n'est pas du cinéma", martèle le rapport en rappelant que les femmes à l'écran sont "réelles" et que "les actes sexuels et les violences", de même que la souffrance, parfois visible, sont tout aussi réels. Des contenus "violents" qui répondent pour certains "à la définition juridique d’actes de torture et de barbarie". 

"Culture du viol, déshumanisation des femmes, apologie de l’inceste, racisme, pédocriminalité, LGBTphobies… La pornographie est à l’intersection de toutes les haines et s’inscrit dans le continuum des violences."

L'inaction du gouvernement

Le Haut Conseil pointe également "les inactions des autorités face aux illégalités de la pornographie" et explique avoir testé Pharos, la plateforme gouvernementale de signalement des contenus illicites sur internet, sans résultat. En effet, sur les 35 vidéos signalées par l'HEC aucune n'a été à ce jour supprimée.

Au-delà de l'inaction des autorités, l'instance dénonce un aveuglement général par le biais de ce qu'elle décrit comme une "sémantique trompeuse", un lobbying "intense" qui fait passer un délit pour de la "liberté d'expression", de la "liberté artistique" ou encore une "libération sexuelle".  

Face à ce constat, l'HEC émet des recommandations concrètes pour faire évoluer la loi et pour que le cadre légal qui existe déjà soit respecté.

"Les solutions existent pour que l’industrie pornographique sorte de la zone de non-droit dans laquelle elle se place. C’est l’ambition de ce rapport : mettre fin à l’impunité de l’industrie pornographique."

Il appelle notamment à renforcer la protection des travailleuses et travailleurs du sexe en mettant en place des mesures de prévention et de soutien adaptées. Il formule également plusieurs recommandations comme l'interdiction de la diffusion de contenus pornographiques mettant en scène des violences sexuelles, le renforcement des sanctions pour les auteurs de violences pornographiques, la sensibilisation des jeunes aux enjeux de la pornographie ou encore la promotion d'une éducation à la sexualité basée sur le respect et l'égalité.

Nos confrères d'Europe 1 rapportent que suite à la remise de ce rapport, la ministre chargée de l'Egalité, Bérangère Couillard, a annoncé la création d'un groupe de travail interministériel sur le sujet. "Je veux m'attaquer frontalement au sujet de la violence dans l'industrie pornographique", a-t-elle affirmé. 

Le CNEF engagé dans la lutte contre la violence pornographique

Début mars, le Sénat a adopté une résolution appelant le gouvernement à lutter contre la pornographie. Une décision qui a reçu le soutien du Conseil national des évangéliques de France (CNEF). 

"Soucieux de lutter contre la traite des êtres humains engendrée directement et indirectement par la pornographie, et d’éviter l’exposition d’enfants à la violence pornographique, les protestants évangéliques se réjouissent de la proposition de résolution appelant à faire de la lutte contre les violences pornographiques une priorité de politique publique."

L'occasion pour les protestants évangéliques de rappeler que la "violence pornographique est un dévoiement de la sexualité telle que la Bible l’encourage : saine et respectueuse entre un homme et une femme consentants et engagés l’un envers l’autre".

Camille Westphal Perrier

Crédit image : Shutterstock / Stenko Vlad

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